Nos utopies se heurtent aux dures réalités du monde. Nous rêvons d’une société unie, mais notre « »village global » » est toujours divisé. En France, les uns manifestent pour conserver le progrès représenté par un temps de travail limité, les autres pour le droit d’exercer une activité précaire aux revenus incertains; mais ce n’est là qu’un des moindres paradoxes de la mondialisation. Car dans le même temps, d’autres encore qui rêvent d’exercer n’importe quel travail pour nourrir et éduquer leur famille, accumulent leurs détresses derrière nos portes entrebâillées.
Que pouvons-nous faire? Sous les nombreuses urgences qui nous assaillent, accueillir le présent ne doit pas nous faire négliger de préparer l’avenir. Jusque dans un camp de réfugiés, celui qui sait organiser un groupe, gérer des priorités, tracer les plans d’un bâtiment ou parler la langue des voisins, sera plus utile pour lui-même et pour son entourage que celui qui ne peut que subir les événements. Mais surtout, comme le montrent les recrutements d’extrémistes jusque dans notre pays, seul l’accès de tous à une véritable éducation pourra tarir la source des conflits.
Aussi, c’est lorsque les urgences semblent reléguer au second plan notre action de long terme, que cela est le moins vrai: dès aujourd’hui et plus que jamais, les besoins éducatifs sont grands pour rétablir et conserver partout les conditions d’accès de tous à la paix, et de chacun à une vie digne et épanouie.
Et la crise des réfugiés Syriens nous rappelle qu’il n’est plus de guerre qui ne nous concerne pas, dont nous pourrions n’être que de simples observateurs: plus que jamais, au moment où de multiples manières la notion de frontière est remise en question, tous nos engagements d’aujourd’hui ont une incidence sur notre avenir.
Alors gardons courage et poursuivons patiemment ce que nous savons pouvoir faire: éduquer, donner à tous une chance de grandir et de participer à la construction d’une société équitable et apaisée.
Fidèle à sa mission, la fondation Amanjaya soutient cette année encore une dizaine de projets qui sont présentés dans les pages qui suivent: des partenaires anciens, dont ceux du tout début auxquels nous restons attachés, et un nouveau: Aide à l’Enfant Réfugié, dont les maisons d’accueil permettent à des jeunes ruraux de poursuivre leurs études du collège jusqu’à l’université.
Merci à vous tous qui rendez cette action possible!
« The Girl Effect » – Conférence de Lindsey Nefesh-Clarke le 8 avril 2015 à Paris
« Les événements tragiques de ces derniers mois – les attaques terroristes ici à Paris en début d’année, les massacres au Nigeria par Boko Haram, l’attaque par les talibans contre une école de Peshawar fin 2014 – ont une nouvelle fois mis l’accent sur l’importance que représente un investissement dans l’éducation des filles et des femmes, qui est l’un des moyens les plus efficaces de combattre l’extrémisme. Comme le journaliste du New York Times, Nicholas Kristof, l’a écrit : « La plus grande menace contre l’extrémisme, ce ne sont pas des missiles tirés par des drones, ce sont des fillettes occupées à lire un livre. »
Des filles qui lisent des livres… Si nous tenons compte du pouvoir évident de l’éducation des filles et que nous prenons des mesures pour permettre aux filles de s’aider elles-mêmes, nous pouvons réécrire l’avenir, le rendre plus juste et plus sûr, pour nous tous. »
Le 8 avril dernier, la Fondation Amanjaya, en partenariat avec les associations Enfants d’Asie et Passerelles numériques, recevait Lindsey Nefesh-Clarke pour un échange autour du thème « L’émancipation des jeunes filles de familles défavorisées par l’accès à l’éducation ».
Celles et ceux qui ont pu assister à la conférence, ont été impressionnés par l’intervention de Lindsey, dont le témoignage nous a tous captivé, et dont le plaidoyer et l’engagement nous donnent à réfléchir.
Vous pouvez retrouver le texte de la conférence de Lindsey Nefesh-Clarke ici.
Après une licence obtenue à l’Université de Cambridge, Lindsey Nefesh-Clarke rejoint Human Rights Watch à New York. Elle part ensuite travailler en Afrique plusieurs années avec l’UNICEF. En mai 2008, Lindsey suit une formation au Bangladesh avec la Grameen Bank (fondée par le prix Nobel Muhammad Yunus). Elle a également obtenu un MBA à l’ESCP Europe en 2009 et a reçu le prix du meilleur étudiant de l’année décerné par l’association des MBA et le journal the Independent. En 2011, elle fonde Women’s WorldWide Web, plateforme de financement participatif des projets locaux œuvrant à l’émancipation féminine dans le monde. Lindsey est également membre du conseil d’administration et directrice des programmes Philippines de l’association Enfants d’Asie. En 2012, Lindsey a été nommée « »Jeune Leader Européenne » » par EuropaNova. En 2013, elle a été élue « »Femme modèle de réussite dans le secteur des TIC » » par la Commission Européenne dans le cadre de son Agenda Numérique. Lindsey vient d’être nommée, début 2015, parmi les « »Inspiring Fifty » », initiative européenne récompensant les cinquante femmes les plus inspirantes dans le domaine du numérique et de l’entrepreneuriat.
La Fondation Amanjaya s’engage pour 2014/2015
Nous avons tous dans la tête Robin Williams dans le rôle de Mr Keating, le professeur de lettres atypique du Cercle des Poètes Disparus. Quand nous nous engageons dans l’éducation, nous rêvons volontiers de ressembler à cet homme empathique qui passionne ses étudiants au point de bouleverser leur vie.
Dans la « vraie vie », pourtant, et en particulier dans les pays où intervient la Fondation Amanjaya, il n’est souvent pas besoin de professeur extraordinaire pour motiver les étudiants tant ceux-ci ont soif de savoir. Aux jeunes pensionnaires du foyer d’Enfants du Mékong à Sisophon, il est parfois nécessaire de prendre soin de leur santé contre leur gré, en coupant l’électricité la nuit pour les empêcher de veiller et étudier trop tard !
Nous n’y pensons pas assez tant cela nous est acquis, mais ces jeunes le savent bien : l’électricité c’est une richesse, c’est une partie de la chance qui leur est donnée d’étudier. Hors de ce foyer où ils sont accueillis, leurs camarades n’en disposent souvent pas. Le soir, ceux qui ont malgré tout le courage d’étudier y sacrifient leurs yeux en s’éclairant à la bougie.
D’autres facilités tellement présentes partout dans notre vie que nous les associons naturellement à des droits humains, éloignent plus sûrement par leur absence les enfants de l’école qu’un déficit de craies ou de cahiers : l’eau potable, les sanitaires… Dans certaines régions, la pudeur retient les filles d’aller à l’école parce qu’il n’y a pas de toilettes ; si cela n’arrête pas les garçons, on imagine dans quelles conditions d’hygiène ils étudient.
Ainsi, donner accès à l’éducation, ce n’est pas toujours – pas seulement – offrir des livres, des cahiers, des bourses aux élèves ou subvenir aux salaires des professeurs : c’est parfois beaucoup plus prosaïque, et nos associations partenaires sont là pour nous le rappeler. Cette année, parmi tous ses engagements, la Fondation Amanjaya apportera son soutien par exemple :
– à la construction d’une école à Ban Namkhong et de douches et sanitaires à l’école de Chang Vang au Laos, avec Enfants d’Asie ;
– à un dispositif de sécurité incendie – pompage, château d’eau – pour le campus à Phnom Penh de la nouvelle école de gestion et vente de Pour un Sourire d’Enfant.
Afin qu’ils puissent rêver d’un avenir meilleur, et y travailler avec acharnement, nos jeunes ont d’abord besoin de… bien vivre et bien dormir !